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Planchers et parquets

Au moyen âge et jusqu’à la fin du seizième siècle, dans les pièces où les habitants vivent avec leurs animaux familiers, les sols doivent pouvoir être lavés à grande eau. Aussi les grandes salles voûtées des châteaux (salle des gardes, salles des festins ou « grand tinel »), sont-elles généralement dallées de pierre.

Les planchers de bois sont réservés aux estrades ou marchepieds, placés sous les chaises d’honneur, marque de rang social, sous les lits, voire sous les sièges et les tables des festins hivernaux. Ils sont souvent recouverts d’un tapis velu.

Puis, petit à petit, le sol des étages supérieurs des maisons, en carreaux de terre cuite, se transforme en plancher.
Composés de planches juxtaposées à joints vifs ou à feuillures. Refendus à la largeur de 5 ou 7 pouces (1) les planchers sont fixés sur les solives par des clous forgés apparents.

Aux 16/17ème siècles, est arrivé le plancher assemblé par rainure et languette avec des lames de 3 à 4 pouces. Il est posé « à l’anglaise », c’est à dire que les lames sont de toutes longueurs, les clous deviennent invisibles.

A partir du début du dix-septième siècle, on commence à trouver des lames de plancher disposées selon différents motifs:

– Le plancher en plusieurs travées, formées de planchers de 5 à 6 pieds de long au bout desquelles on met une frise en sens contraire (gravure « les vierges folles de le Blond à Paris, 1640, British Museum), – Le plancher à point de Hongrie, fait d’alaises de 3 à 4 pieds de long et de 3 à 7 pouces de large, sa coupe en bout est faite en onglet (45°). La largeur de chaque travée est de 25 à 34 pouces, elle sont d’un nombre impair de façon à ce qu’il se trouve un joint au milieu de la pièce.

Dans les appartements pour des raisons thermiques et acoustiques, on préfère de plus en plus les planchers de bois auxquels on donne le nom de parquets lorsque plusieurs planches sont assemblées entre elles pour former une « feuille ». (le mot parquet venant de parc, enclos entourant l’estrade, d’où se rendait la justice).

Les planchers d’assemblage ou parquets sont généralement constitués par des feuilles de parquet composées de lattes de bois de chêne, assemblées, cirées, qui ont depuis deux pieds (2) jusqu’à quatre pieds de côté mais celle de trois pieds à trois pieds un quart sont les plus usitées, et dont les compartiments sont disposés, soit à l’équerre par rapport au bâti (dit aujourd’hui parquet de Chantilly), soit en diagonale (dit aujourd’hui parquet de Versailles).

Leur épaisseur varie de trois quarts de pouce à un pouce et demi et va jusqu’à deux pouces pour les rez-de-chaussée très humides.

Elles sont fixées sur des lambourdes et posées en diagonale. Ces lambourdes sont au nombre de 5 pour les grandes feuilles et de 3 pour les petites. Ces lambourdes supportent toujours les pointes des feuilles. Elles sont elles-mêmes clouées sur les solives, parfois un sous-plancher supplémentaire s’intercale pour plus de résistance.

Chaque feuille peut être séparée de sa voisine par une frise d’encadrement dite « navette » (de 3 à 4 pouces de large) ou simplement juxtaposée.

Quant à la disposition générale du parquet, elle se fait des deux manières suivantes: l’une est de mettre les côtés des feuilles parallèles à ceux de la pièce, l’autre est de mettre la diagonale parallèle à ces derniers.
L’ensemble pouvant comporter, ou non, suivant le cas une frise sur le pourtour de la pièce, tout au long des murs.
Par contre, la « pierre foyère » ou devant de cheminée, est toujours entourée d’une frise. Pour les pièces de parade, ou de grande qualité, les feuilles seront d’une grandeur relative à celle de la pièce, faisant que l’on trouve un nombre complet de feuilles dans chaque pièce, de sorte qu’il n’y ait que des feuilles et des demi-feuilles, « ce qui donne beaucoup de magnificence et de grandeur à l’appartement ».

Ces parquets peuvent aussi comporter une marqueterie massive (appelés alors parquet de marqueterie ou parquet en mosaïque) composé de motifs en étoile, par exemple, comme au château de Maisons. Dans ce même château il subsiste un parquet de marqueterie de bois de rapport, dans le cabinet des Miroirs.
Un autre parquet de bois précieux existait encore il y a peu au château de Fléchères (Ain).

Sur une gravure d’Abraham Bosse représentant la chambre du Roi à Fontainebleau en 1645, on voit un parquet à compartiments carrés décorés de l’initiale royale couronnée, alternant avec de grandes fleurs de lys de bois de rapport.

Nicodème Tessin écrit en 1693 :  » A Trianon … les parquets touchent aux lambris. Il n’y a qu’une seule pièce à Versailles dont le parquet soit par carrés… tout le reste est en losange à la nouvelle manière ».

Réservés aux petites surfaces des cabinets et des estrades, les parquets en mosaïque sont aussi employés dans les alcôves, nous apprend le Mercure Galant de 1673:  » Les gens de qualité ne veulent plus de tapis de pied dans leurs alcôves, à cause de la poudre (poussière) qu’ils conservent, c’est pourquoi, il les font parqueter de bois de diverses couleurs ».

Rien ne subsiste de ces somptueuses mosaïques de bois précieux incrustés, oeuvre de Jean Macé (mort en 1672), qui ornèrent les estrades et certains planchers des cabinets du Louvre (cabinet de la reine mère vers 1665), des Tuileries, de Saint-Germain, de Fontainebleau et de Versailles. Le parquet du cabinet des Médailles est fait par Pierre Poitou aux Gobelins en 1685, ceux des cabinets du Dauphin sont l’oeuvre d’André-Charles Boulle en 1683.

Un portrait du Grand Condé (vers 1660) à Chantilly (Collection Jones, Victoria et Albert Museum – Londres) et quelques rares dessins nous en révèlent l’aspect chatoyant, comme celui de la Petite Galerie de Versailles (1686) oeuvre d’Alexandre Jean Oppenhordt (B.N. Estampes).

Cependant un exemple plus simple est encore conservé dans le cabinet doré de l’hôtel de Brancas à Paris. Un fragment d’une estrade royale en marqueterie d’écaille et de cuivre a peut-être été remployé par Etienne Levasseur (1721-1800) dans un secrétaire appartenant à la reine d’Angleterre.

Au dix-huitième siècle, comme au siècle précédent les planchers des appartements sont constitués par des panneaux de parquets d’assemblage carrés de bois de chêne ciré, dont les compartiments sont posés soit à l’équerre, soit en diagonale, avec ou sans frise.

Des dessins géométriques peuvent en varier l’aspect, tel le parquet de l’hémicycle de la Salle du Conseil à Fontainebleau, orné d’une étoile par Gabriel. En général, les parquets cirés et miroitants restent nus, sans tapis. Ils sont entretenus par les indispensables frotteurs.

A l’hôtel Choiseul à Paris, il existait des parquets de mosaïque de bois de rapport, ainsi qu’on peut le voir sur les gouaches d’Henri Van Blarenberghe (1734-1812) ornant la « boîte Choiseul ». D’autre part, il semble qu’à l’hôtel de Soubise, les salons ovales aient eu des « parquets de bois variés avec des ornements et des compartiments très ingénieux ». On sait que des ateliers dans la mouvance de l’ébéniste Hache fils à Grenoble, produisaient encore des feuilles de parquets composés de différents bois vers la fin du dix-huitième siècle.
Dans les étages réservés au service, le sol des chambres et des couloirs est garni de carreaux de terre cuite (tommettes) à six pans de quatre pouces (10.8 cm) que l’on cire.

(1) 1 pouce français = 27,0696 mm
(2) 1 pied = 12 pouces = 324,835 mm

cliquez ici pour voir le dossier: Christian Pingeon et la Tradition  
tel: 01 42 77 22 22

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History of floors and parquets

With the Middle Ages and until the end of the sixteenth century, in the parts where the inhabitants live with their familiar animals, the grounds must be able to be washed with large water. Also the large arched rooms of the castles (room of the guards, rooms of the feasts or « large tinel »), are generally paved stone.

The wood floors are reserved for the estrades or footboards, placed under the chairs of honor, marks social status, under the beds, even under the seats and the tables of the winter feasts. They are often covered with a hairy carpet.

Then, gradually, the ground of the higher floors of the houses, into terra cotta squares, is transformed into floor.
Composed of juxtaposed boards with sharp joints or rabbets. Split with the width of 5 or 7 inches (1) the floors are fixed on the beams by apparent forged nails.

At the 16/17ème centuries, arrived the floor assembled by groove and strip with blades from 3 to 4 inches. It is posed « with English », i.e. that the blades are all lengths, the nails become invisible.

From the beginning of the seventeenth century, one starts to find blades of floor laid out according to various reasons:

– the floor in several spans, formed of floors from 5 to 6 feet length to the end of which one puts a plank in contrary direction (engraving « insane virgins of the Fair one in Paris, 1640, British Museum), – the floor at point of Hungary, fact of draw sheets from 3 to 4 feet length and 3 to 7 inches broad, its cut in end is made in mitre (45°). The width of each span is 25 to 34 inches, it are an odd number so that it is a joint in the medium of the part.

In the apartments for thermal and acoustic reasons, one prefers more and more the wood floors to which one gives the name of parquet floors when several boards are assembled between them to form a « sheet ». (the word parquet floor coming from park, enclosure surrounding the estrade, from where justice went).

The floors of assembly or parquet floors are generally consisted sheets of parquet floor made up of slats of wood of oak, assemblies, waxed, which have from two feet (2) to four feet on side but that of three feet to three feet a quarter are most used, and of which the compartments are laid out, either with the square compared to the frame (known as today parquet floor of Chantilly), or in diagonal (known as today parquet floor of Versailles).

Their thickness varies from three quarters of inch to an inch and half and goes up to two inches for the very wet ground floors.

They are fixed on tie bars and are posed in diagonal. These tie bars are 5 for the large sheets and of 3 for the small ones. These tie bars always support the points of the sheets. They themselves are nailed on the beams, sometimes an additional under-floor is intercalated for more resistance.

Each sheet can be separated from its neighbor by a plank of framing known as « shuttle » (from 3 to 4 inches broad) or simply juxtaposed.

As for the general provision of the parquet floor, it is done in the two following ways: one is to put the sides of the sheets parallel with those of the part, the other is to put the diagonal parallel with the latter.
The unit which can comprise, or not, according to the case a plank on the circumference of the part, throughout the walls.
On the other hand, the « stone foyère » or in front of chimney, is always surrounded of a plank. For the parts of parade, or great quality, the sheets will be of a size relative to that of the part, making that one finds a number complete of sheets in each part, so that there are only sheets and folios, « what gives much magnificence and size to the apartment ».

These parquet floors can also comprise a massive marquetry (called then parquet floor of marquetry or parquet floor in mosaic) composed of star reasons, for example, as with the castle of Houses. In this same castle there remains a parquet floor of wood marquetry of report/ratio, in the cabinet of the Mirrors.
Another invaluable wood parquet floor still existed there is little with the castle of Fléchères (Ain).

On an engraving of Abraham Bump representing the room of the King with Fontainebleau in 1645, one sees a parquet floor with square compartments decorated with initial royal crowned, alternating with large flowers of wood lily of report/ratio.

Nicodème Tessin writes in 1693: « A Trianon… the parquet floors touch with the skirtings. There is only one part in Versailles whose parquet floor is by squares… all the remainder is in rhombus with the new manner « .

Reserved on the small surfaces of the cabinets and the estrades, the parquet floors in mosaic are also employed in the alcoves, teaches us Gallant Mercury from 1673: « people of quality do not want any more a rug in their alcoves, because of the powder (dust) which they preserve, this is why, it make them parquet of wood of various colors ».

Nothing remains of these sumptuous invaluable wood mosaics encrusted, work of Jean Macé (death in 1672), which decorated the estrades and certain floors of the cabinets of the Louvre (cabinet of the queen mother about 1665), of Tileries, Saint-Germain, Fontainebleau and Versailles. The parquet floor of the cabinet of the Medals is made by Pierre Poitou with the Goblins in 1685, those of the cabinets of the Dolphin are the work of Andre-Charles Boulle in 1683.

A portrait of the Large Cop (about 1660) in Chantilly (Jones Collection, Victoria and Albert Museum – London) and some rare drawings us reveal the chatoyant aspect of it, like that of the Small Gallery of Versailles (1686) work of Alexandre Jean Oppenhordt (B.N. Estampes).

However a simpler example is still preserved in the gilded cabinet of the hotel of Brancas in Paris. Perhaps a fragment of a royal estrade in marquetry of scale and copper was employed again by Etienne Levasseur (1721-1800) in a secretary pertaining to the Queen of England.

At the eighteenth century, as at the previous century the floors of the apartments are consisted panels of square parquet floors of wood assembly of waxed oak, whose compartments are posed either with the square, or in diagonal, with or without plank.

Geometrical drawings can vary from it the aspect, the such parquet floor of the hemicycle of the Room of the Council with Fontainebleau, decorated of a star by Gabriel. In general, the parquet floors waxed and gleaming remain naked, without carpet. They are maintained by the essential wipers.

With the Choiseul hotel in Paris, there were parquet floors of wood mosaic of report/ratio, as one can see it on the gouaches of Henri Van Blarenberghe (1734-1812) decorating the « Choiseul box ». In addition, it seems that with the hotel of Soubise, the oval living rooms had « wood parquet floors varied with very clever ornaments and compartments ». It is known that workshops in the mobility of the cabinetmaker Hache wire in Grenoble, still produced sheets of parquet floors made up of different drink towards the end of the eighteenth century.
In the stages reserved for the service, the ground of the rooms and corridors are furnished with terra cotta squares (tommettes) with six sides of four inches (10.8 cm) which one waxes.

(1) 1 French inch = 27,0696 mm
(2) 1 foot = 12 inches = 324,835 mm

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